Je dois aborder le sujet qui domine l'œuvre médicale du Docteur Paul Voivenel :

 L'Hémorragie de la sensibilité


 
Pour le scientifique, le Docteur Voivenel représente un apport considérable.
Ses nombreux articles dans les chroniques médicales, ses communications aux Académies des Sciences et de Médecine, dans les congrès, firent autorité.
Ses expertises (défense) dans les procès d'Assises provoquèrent de sérieux débats.

Il présenta sous un angle nouveau la médecine mentale.
Le Docteur Maurice de Fleury lui reconnaîtra une pratique d'avant-garde difficile à suivre certes, mais pleine d'attraits pour l'élève.
Sa séparation avec le Professeur Rémond le fera renoncer à l'agrégation.

Mobilisé en 1914, il se dépensa sans compter. Il organisa son secteur médical en l'adaptant à ses théories, lesquelles s'avérèrent très vite exactes. Le Service de Santé des Armées expliquait qu'un blessé devait être évacué aux arrières après avoir reçu un antiseptique et un pansement. Souvent la gangrène était le résultat de cette méthode.

Paul Voivenel démontra l'erreur. Désormais les blessés seraient soignés et opérés dans les délais les plus rapides. Aucune blessure ne fût pansée pour une évacuation demandant du temps.
Il en sera de même pour le traitement des vésiqués. Les alliés envoyèrent des observateurs suivre ses exposés.

Paul Voivenel se trouva bientôt confronté avec un problème dramatique, celui des soldats accusés de désertion, et traduits devant les conseils de guerre.
Les qualités humaines du médecin firent merveille. Il fallait sauver ces hommes, les arracher au verdict sans appel des juges.
Il expliqua le drame de la "peur morbide acquise". Le psychothérapeute convainquit les conseils de guerre et personne dans sa division ne fût condamné. La jurisprudence fit tache d'huile.

Je participai à une conférence. Robert Champeaux et Maurice Boutry
Voici un extrait de mon intervention :
 
L'hémorragie de la sensibilité, désignée en médecine "Syndrome de Paul Voivenel", a fait l'objet de nombreuses études et communications. Beaucoup de médecins ont expliqué l'observation clinique, notamment le Docteur Lucien Millet dans sa thèse "La Colère" publiée en 1960. Le professeur Marcel Riser a étudié l'étiologie du syndrome. Récemment Marcel Lauga a soutenu sa thèse de docteur en médecine sur ce sujet.

Pendant la guerre 1914 - 1918, le Docteur Voivenel avait remarqué chez certains combattants des chutes brutales de potentiel, résultant de l'épuisement de ce qu'il appelle "la nappe profonde de notre énergie". Les fatigues sans entraînement, les émotions, font saigner cette énergie. Il s'agissait dira Voivenel d'une blessure du système nerveux, qu'il fallait soigner et guérir, j'ai expliqué cela au conseil de guerre de ma division où je venais témoigner. Il ajoute : "On institua une thérapeutique à la création de laquelle j'ai coopéré, et qui réussit."
 

Cette conférence a été prononcée avec le Professeur Robert Champeaux, ancien chargé de cours à l'Institut des Hautes Études de Nice, et Maurice Boutry, écrivain.

 

Par la suite, Paul Voivenel consacra un livre au syndrome (Le Cafard, Edit. Grasset), et un second sur "Les sources profondes de notre énergie" (Édit. Aubanel, Avignon).
 

Dans la vie courante, l'incompréhension, les troubles affectifs, provoquent l'hémorragie de la sensibilité. Le malade se détache de tout, paradoxalement il devient irritable, il est énervé (étymologiquement) et se fatigue rapidement.

Cette affection, écrit le Docteur Voivenel, se soigne par la compréhension et la sympathie. Ce dernier mot signifie : souffrir avec.

Cette thérapeutique est moins toxique que certains médicaments.

La psychothérapie est le complément indispensable de l'ordonnance. Elle aide le malade à mettre en place cette "prothèse de l'âme qui reconstruit la personnalité". (Dr Voivenel)

Il faut souligner que si nous devons éviter une trop grande perte de notre énergie, il ne faut pas provoquer une stase ou congestion de la sensibilité. L'équilibre nerveux se situe entre ces deux extrêmes.

Parallèlement au traitement, les neuro-psychiatres recommandent de pratiquer régulièrement un effort physique et d'avoir un violon d'Ingres, ce qui décongestionne une trop grande accumulation d'énergie. L'altruisme est encore le meilleur moyen pour obtenir l'équilibre entre hémorragie et congestion de la sensibilité.

Comment ne pas être admiratif devant la citation du philosophe Saadi :

"Tu n'emporteras dans la tombe que ce que tu auras donné."
 
 
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