Un auteur célèbre a lancé cette réflexion : "L'intelligence est une reine constitutionnelle, elle règne mais ne gouverne pas. Seule la sensibilité exerce le pouvoir".L'intelligence n'est pas une nécessité indispensable, beaucoup ont une activité de premier plan et s'en passent aisément.
On agit sur les intelligents par la persuasion, sur les sensibles par la suggestion. Cela s'appelle la psychothérapie. Le politicien, le représentant, le guérisseur, en connaissent les possibilités.
Les sensibles fournissent la clientèle des sectes et des utopies. Leur destinée est de lutter constamment afin d'éviter d'être "débordés". Au moindre relâchement, ils finissent par payer la "taxe compensatoire au guichet de la névrose".
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Celle-ci est une erreur d'appréciation et de parcours, le névrosé doit refaire le chemin en sens inverse et reprendre le contrôle de sa sensibilité. Certains peuvent le faire seuls, d'autres ont besoin du psychothérapeute.
Les grands diagnostics sont parfois une forme d'incompétence des savants. Ils courent le risque de suggestionner par maladresse les symptômes de leur savoir. Dans le traitement de l'hystérie, Charcot avait une grande notoriété. Ses démonstrations faisaient l'admiration de ses disciples.
L'un d'eux, Babinski, remit de l'ordre et n'hésita pas à soutenir sa propre version au "Maître". Le pouvoir suggestif de Charcot agissait en ordonnateur sur l'hypersensibilité de ses patients. Aucun moyen scientifique ne permet d'en mesurer le taux. Il convient de bien se connaître, le praticien doit procéder à un examen minutieux.
Entre le sujet équilibré, le cas extrême l'hystérie et le spécialiste, on ne trouve qu'un problème de degrés.
Apprenons à choisir.
Extrait d'une lettre que Paul Voivenel m'a adressée :
Votre article sur "sensibilité et suggestion" est remarquable.Oui, les grandes théories sont souvent une forme d'incompétence du savant qui suggestionne le sujet.
Vous savez juger et choisir le meilleur.
Comme vous le dites : "la philosophie, c'est la réalisation de la personnalité dans le respect d'autrui".
Le psychiatre aide autrui à se réaliser.
"Ils sont le ferment de la synthèse de demain".
(Docteur Voivenel)
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Revue de l'Université Paul Sabatier, 1974