Sur la psychanalyse


 
... Vous me dites sur la psychiatrie
et la psychanalyse des choses profondes.
Docteur Voivenel
 
 
Face aux progrès de la chimiothérapie et de la connaissance des mécanismes nerveux, la psychothérapie reste le complément indispensable à l'ordonnance. Aucune thérapeutique à l'échelle de nos connaissances actuelles ne peut remplacer les effets bénéfiques de la parole du spécialiste et de ses interprétations.

En premier lieu, nous trouvons la psychanalyse. On en parle souvent, rares sont ceux qui savent la définir, et de ce fait, l'appliquer concrètement. Son application positive ne touche que quelques cas particuliers dans le domaine des névroses. Parler de psychanalyse pour celui des psychoses est aberrant.

Essayons de résumer l'oeuvre considérable des principales écoles psychanalytiques. J'ai lu quelque part que Freud ne serait pas "l'inventeur" de cette science. Les Jésuites l'avaient précédé il y a longtemps. Je n'irai pas jusque là, remontons simplement jusqu'à Breuer qui traitait les symptômes névrotiques par catharsis en suggestionnant ses patients mis préalablement en état d'hypnose. La méthode s'appelait Abréaction.
Cette méthode, à moins d'avoir des patients réceptifs, ne donnait pas de résultats durables. En définitive, elle s'appliquait à un nombre restreint de cas.
De plus, l'hypnose est contestée. Il existe une tendance à nier son existence, de là, à parler de charlatanisme, il n'y a qu'un pas.
En admettant que cet état puisse être réellement obtenu, peu nombreux ont été et sont aujourd'hui les spécialistes susceptibles de le provoquer. Freud ayant essayé se trouva très vite devant un constant d'échec. Il fallait donc s'orienter différemment.

Freud expliqua que la névrose résultait d'un "conflit" dont la cause se trouvait dans l'inconscient.
Il suffisait de remonter à celle-ci et d'en connaître le mécanisme. Le névrosé se trouvait à ce moment là en possession des moyens naturels pour résoudre son "conflit".

Voici d'ailleurs ce que je prends pour être une excellente définition. Elle est donnée par Freud.

"La thérapeutique de la psychanalyse essaie de guérir l'homme avec la seule aide de l'interprétation sans l'influencer ou le guider directement. Les refoulements doivent être abolis, l'inconscient devenir conscient, et ainsi, il est donné au Moi adulte une chance de résoudre à nouveau ses conflits et, cette fois, d'une manière saine. Les phénomènes antérieurs doivent être remis en mémoire et, privés ainsi de leur pouvoir, être rejetés pour ainsi dire dans le passé où ils ont leur place. Ce qui était instinct doit devenir Moi. C'est le but de la psychanalyse."
 
La précision de ce texte est un enseignement remarquable. Son auteur trouva une certaine célébrité en parlant du rôle de la sexualité dans l'étiologie de l'hystérie. La faculté avait en mémoire les démonstrations du Professeur Charcot à la Salpêtrière, et les critiques d'un de ses élèves Babinski.

Le mot libido étant lâché, il marque définitivement l'oeuvre de Freud, et fut hélas mal interprété. On l'amalgama avec génitalité. Aujourd'hui encore, on confond acte sexuel avec libido. Ce mot signifie tout simplement concept de l'instinct de vie au sens large.

Partant de Freud, d'autres auteurs donnèrent leur point de vue.
 

     
Ces hommes, Freud, Adler, Jung et Janet étaient remarquables et leur culture universelle. Chaque disciple est solidement intégré aux enseignements du maître. Critique

Immédiatement, deux questions se posent :
Faut-il psychanalyser systématiquement ? et avec quelle école ?

Je réponds non !
 

Le corps et le système nerveux sont soumis à la loi des compensations. Une névrose peut bien se compenser en s'ouvrant vers la création. Un sujet parfaitement équilibré ne verrait que des "roses", notre pérennité s'en accommoderait mal. Les métabolismes nerveux fabriquent eux aussi des anti-corps et sont fragiles. Un choc émotif les déséquilibre. Soyons extrêmement prudents.

Laissons les séances d'analyse aux névrosés débordés par leur état.
Exemple : les angoissés et les phobiques, à conditions qu'ils soient communicatifs.
Une anamnèse sérieuse doit être faite. Dans bien des cas, une psychothérapie par suggestion ou persuasion suffit. La chimiothérapie n'est pas exclue.
 

Pour conclure, je dirai que la psychanalyse a marqué la psychiatrie, les arts et les lettres. Elle doit être "prescrite" à bon escient.

Les États-Unis en font une grande consommation. Avec le recul du temps, on a fini par faire dire à Freud ce qu'il n'a jamais dit. Il est temps de mettre en place une éthique. Cela sera difficile car le point faible de la psychanalyse est qu'elle n'est pas une science exacte.
 
 
 

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Retour au texte Une critique de la psychanalyse porte justement sur l'importance de cette oeuvre. Certains auteurs considèrent qu'elle n'a fait que reprendre les grandes lignes de la psychiatrie en les désignant différemment. Bien des descriptions ne méritent pas un tel développement.