Mon très cher Georges,Massy, le 7 décembre 1989Mr. Georges MartyCentre de Physique AtomiqueUniversité Paul Sabatier118 route de Narbonne31 062 TOULOUSE CEDEX(dans le cas où par un purhasard l'enveloppe se perdrait)
Je te remercie vivement, en tant que humble deuxième vice-président, de m'abreuver d'un élixir aussi délicat que sont tes réflexions sur le jansénisme, le quiétisme et le molinisme que tu ne cites pas directement, quoiqu'il soit à l'origine de ce dernier.
Ah ! Comme les batailles autour de la notion de grâce divine auront perturbé cette première moitié du dix-septième siècle ! Prémonition peut-être de la Révolution un siècle plus tard ? Que de disgrâces en découleront malgré l'intervention géniale de Blaise Pascal ! Y avait-il vraiment cinq propositions hérétiques justifiant "cum occasione" d'Innocent X ?
Si Madame Guyon dut en découdre avec l'auteur des "Oraisons funèbres" défenseur si intransigeant de l'Eglise de France, notamment dans sa "déclaration des quatre articles", ni Fénelon, ni Madame de Guyon ne résistèrent à Bossuet. Qu'en reste-t-il ? Plus tard, les "vieux catholiques" se regroupèrent dans l'église d'Utrecht après la disparition en France et en Italie du nouveau jansénisme plus religieux et certainement plus politique que l'ancien.
Mais laissons là l'histoire, cette histoire peuplée d'idées et de sentiments, de douceur et de violence, de chefs et de soumis, dont la marche au cours du temps a forgé notre façon de voir et de réagir.
Mon cher Georges, je dois assurément vieillir, car malgré un travail incessant, j'ai trouvé quelques minutes, la wassermusik de Händel m'aidant, pour m'arrêter, t'écouter et participer à ta réflexion. Toutefois, ton intérêt soudain pour le quiétisme ne serait-il pas un effet du symbolisme de Remy de Gourmont dont tu as délecté toutes les oeuvres ?
Mon cher Georges je dois te quitter bien à regret, mais le temps passe et les nécessaires rapports de fin d'année n'attendent pas.
Amicalement Jean Barthe![]()
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